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vendredi, 10 mai 2013
Etymologie : le palimpseste
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Le palimpseste désigne un manuscrit sur parchemin dont on a fait disparaître l'ancienne écriture, pour écrire de nouveau.
Le terme qui date du XVIe siècle provient du latin palimpsestus lui-même issu du grec palimpsêsto, "gratté de nouveau".
Palin : "à nouveau" et Psân :"s'en aller en poussière, racler". Les moines copistes médiévaux ont abondamment utilisé cette méthode.
Le parchemin étant coûteux, ils "recyclaient" d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. La technique consistait à effacer l'ancien parchemin en le frottant avec une pierre ponce.
Ce faisant, ils détruisirent de nombreux écrits et témoignages antiques.
Dans son livre Les nourritures affectives, Boris Cyrulnik utilise l'image du palimpseste pour rendre compte du fonctionnement de notre mémoire.
En effet, dans notre cerveau, des souvenirs recouvrent d'autres souvenirs et notre histoire ressemble finalement à des strates de mémoires enfouies et endormies. Un événement ou une émotion peut faire resurgir à la surface de notre conscience un souvenir ancien et oublié.
Pour illustrer ce fait, Boris Cyrulnik cite ce passage extrait d'Un mangeur d’opium de Charles Baudelaire (p 451-453).
"Qu’est-ce que le cerveau humain sinon un palimpseste universel et naturel ? ... Oui, lecteur, innombrables sont les poèmes de joie ou de chagrin qui se sont gravés successivement sur le palimpseste de votre cerveau, et comme les feuilles des forêts vierges, comme les neiges indissolubles de l’Himalaya, comme la lumière qui tombe sur la lumière, leurs couches incessantes se sont accumulées et se sont, chacune à son tour, recouvertes d’oubli. Mais à l’heure de la mort, ou bien dans la fièvre, ou par les recherches de l’opium, tous ces poèmes vont reprendre de la vie et de la force. Ils ne sont pas morts, ils dorment... Les profondes tragédies de l’enfance... vivent toujours cachées, sous les autres légendes des palimpsestes. La passion et la maladie n’ont pas de chimie assez puissante pour brûler ces immortelles empreintes."
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Robert Rauschenberg - Erased de Kooning - 1953 - Wiki
Publié dans Etymologie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : palimpseste, villeglé, rauschenberg, zoladz | Facebook | | |
| | Dubois Jean-Pierre |
Commentaires
Là, je pense à Jacques (je crois) de Vileglé et à ses affiches découpées déchirées (il y a avait une expo à Beaubourg l'an dernier)
C'est un très joli mot Palimpseste, qui commence comme pas là et finit comme reste...
Écrit par : Pascaline | lundi, 09 novembre 2009
Répondre à ce commentaireEffectivement les travaux de Jacques Villeglé sont des palimpsestes géants et populaires...
Écrit par : JP Dubs | mardi, 10 novembre 2009
Répondre à ce commentaireLe comble du palimpseste est peut être l'oeuvre de Rauschenberg "Erased de Kooning"
Écrit par : Charles | vendredi, 10 mai 2013
Répondre à ce commentaireEffectivement ! Je complète avec ce palimpseste de Rauschenberg. Merci.
Écrit par : jpDubs | vendredi, 10 mai 2013
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