lundi, 24 janvier 2022
Les catégories et les genres en peinture
Les catégories et les genres en peinture
Cet article est la retranscription condensée du livre "La peinture" dans la série Repères pratiques Nathan. (voir la couverture en bas de l'article)
La peinture d’histoire
Peinture narrative de grand format, s’inspirant de la mythologie, de l’histoire sainte ainsi que des événements historiques.
Jusqu’au 19e siècle, la peinture d’histoire est la peinture par excellence.
Le peintre des sujets historiques traduit la grandeur de la royauté, de l’empire ou de la république.
Il glorifie les faits et les gestes les plus nobles.
Il compose de grandes actions humaines et offre aux spectateurs de brillants sujets dignes d’intérêt.
Peu à peu, la photo témoigne et illustre les grands événements historiques.
Héroïsme et batailles
Antiquité assyrienne et égyptienne : fresques et bas-reliefs - temples et pyramides - batailles et victoires sur les ennemis.
Antiquité gréco-romaine : fresques historiques. Ex. Mosaïque à Pompéi La Bataille d’Alexandre le Grand contre les Perses.
À Rome : exploits des empereurs sur bas-reliefs - arcs de triomphe et colonnes commémoratives (colonne Trajane).
David : Le Serment des Horaces (1784-85)
David : Le Serment des Horaces - Voir l'Exercice d'Arts Visuels N°8 - Composition
Mise en scène de l’histoire
Fin du Moyen-Age : événements religieux (Ancien et Nouveau Testament).
Enluminure - scènes de la vie du Christ et batailles livrées aux Croisades.
Tapisserie de Bayeux - Histoire de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant (11e siècle)
À partir de la Renaissance la mythologie devient un sujet historique.
Rubens : (1577-1640) Scènes de la vie de Marie de Médicis
David : Bonaparte (Premier consul) franchissant le Grand-Saint-Bernard (1801) Le Sacre de Napoléon 1er
Picasso : Guernica (1937) La plus grande peinture d’histoire du 20e siècle.
Picasso : Guernica - Voir l'article Le Cubisme
La Mythologie
À la fin du Moyen-Âge, les cours européennes redécouvrent l’art de vivre de l’Antiquité.
Les artistes s’inspirent des témoignages de l’art gréco-romain.
L’imaginaire antique est un art puissamment narratif.
Recherche d’un idéal.
Botticelli : Naissance de Vénus (1485) Voir la galerie Aphrodite alias Vénus
Boucher : Vulcain présentant à Vénus des armes pour Énée (1757)
Alexandre Cabanel : La Naissance de Vénus (1863)
Goya : Saturne dévorant ses enfants (1820-1823)
Ingres - Œdipe et l'énigme du Sphinx - 1808 Voir la galerie Le Sphinx
Cabanel : La Naissance de Vénus - Voir la galerie L'Académisme en peinture
Les Allégories
Procédé de personnification ou matérialisation d’une idée morale, philosophique, religieuse, etc. (la Paix, la Liberté, la Justice, ...).
L’allégorie est conventionnelle alors que le symbole est universel.
Nourrice qui donne le sein à des enfants = la Paix (Rubens)
Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple (1830) Révolte des parisiens.
Voir la galerie Les allégories
Arcimboldo : Le Printemps - Voir la galerie A la manière d'Arcimboldo
La peinture religieuse
Les sujets religieux et les scènes bibliques prédominent dans la peinture jusqu’à la fin de la Renaissance.
La peinture illustre la foi et évoque la présence divine. Les artistes travaillent
au service des différents ordres religieux.
Le retable : tableau, panneau peint ou décoration d’architecture, placé au fond de l’autel, face à l’officiant et aux fidèles.
L’icône : Du grec eikôn, “image”. Peinture religieuse de l’art byzantin et orthodoxe.
La pietà : (Pitié en italien) représentation de la Vierge portant le Christ mort.
Pietà de Giovanni Bellini (1468-71)
Pietà de Michel-Ange (1498-99)
Pietà d’Emmanuel Lambardos. Icône de Bosnie-Herzégovine, palais épiscopal de Tuzla (début 12e siècle)
Voir la galerie Pietàs d'hier et d'aujourd'hui
Enguerrand Quarton : Pietà de Villeneuve-lès-Avignon
La peinture de genre
La peinture de genre est l’une des plus ancienne.
Sur les murs des pyramides et des villas de Pompéi : scènes de chasse, de noces et de banquets.
Peinture évoquant des scènes de la vie quotidienne, simple et populaire : travaux, loisirs, divertissements, ...
Elle raconte la vie des humbles et des anonymes avec parfois des détails pittoresques.
Pieter Bruegel l’Ancien dépeint les mœurs paysannes des villages flamands du 16e siècle : La Moisson, La Danse des paysans, Le Repas de noces (1568).
Frères Le Nain : Famille de paysans dans un intérieur (1642)
Pieter Bruegel l’ancien : Les Noces
La peinture de genre au 19e siècle
Les Réalistes (postulat : le vrai est le beau) :
Courbet : Un enterrement à Ornans (1850), Millet : Les Glaneuses (1857), L’Angélus (1858)
Les Impressionnistes : moulin de la Galette, bals, danseuses, lingères, champs de courses, rues de Paris, ...
Voir la galerie Les impressionnistes
La peinture galante
Antoine Watteau et Jean-Honoré Fragonard - 18e siècle : caractère frivole et sensuel de la vie des courtisans à Versailles.
Jean-Honoré Fragonard : Le Verrou (1776-79)
Jean-Honoré Fragonard : Le Verrou
Le nu
La peinture de nu décrit la beauté formelle du corps humain.
Cette peinture évolue avec les siècles sous différents aspects : historique, religieux, mythologique, ...
Corps idéal représenté dans l’Antiquité, corps réaliste peint au 19e siècle, le nu devient, au 20e siècle, un sujet d’expériences radicales pour les artistes.
L’Antiquité égyptienne applique un modèle géométrique rigoureux : les corps figurés ont tous la même proportion. Les grecs cherchent à retrouver une harmonie parfaite : la beauté d’un corps nu doit être à l’image de la perfection divine (Vénus, Apollon, ...)
L’art de la Renaissance s’inspire directement de ces critères.
Ces conventions du nu classique s’installent durablement jusqu’à la fin du 19e siècle (l’Olympia de Manet 1863 y met fin).
Art gothique d’Europe du Nord : la nudité teintée de christianisme.
Convention : Ève est représentée nue, debout, longiligne, la peau très blanche, les longs cheveux blonds couvrent de petits seins.
Son ventre est rond et gonflé, symbole de fertilité.
Époque baroque (Rubens, Rembrandt) : corps humanisé, détaché de la perfection des divinités et de la froideur chrétienne.
Arabesques, volume et couleurs des chairs poussés à l’extrême.
Exaltation exubérante de la chair.
Vélasquez : La Vénus au miroir (1650)
Vélasquez : La Vénus au miroir - Voir la galerie Aphrodite alias Vénus
Impressionnistes et réalistes refusent le bon goût formel et montrent le corps dans sa nudité vraie.
Manet : L’Olympia (1863) et Le Déjeuner sur l’herbe (1863)
A partir de Cézanne le nu devient sujet de nouvelles expériences formelles.
Cézanne : Grandes Baigneuses (1905)
Picasso : Les Demoiselles d’Avignon (1907)
Voir la galerie Photos nus féminins
Le portrait
Le portrait apparaît dès l’Antiquité égyptienne, s’épanouit à la Renaissance, puis devient un genre stable avant de disparaître, supplanté par la photographie.
L’art du portrait est celui de la capture de la ressemblance physique et psychologique du modèle.
Le portrait est religieux ou commémoratif jusqu’au 15e siècle et devient un genre autonome à partir de la Renaissance.
Léonard de Vinci : La Joconde ou Mona Lisa (1503-1506)
Piero della Francesca : Le duc d’Urbino (1464-1466)
Raphaël : Balthazar Castiglione (1515)
Vélasquez : Les Ménines (1656) Trois niveaux de portraits : les personnages, son autoportrait et, dans le miroir, le couple royal.
Goya : Ferdinand VII (1815)
Piero della Francesca : Le duc d’Urbino
L’autoportrait
L’artiste affronte la dualité entre l’imaginaire et la réalité et fait naître sa propre image en miroir.
Il interroge du regard sa propre image et la met en scène.
L’intrusion de l’autoportrait dans l’œuvre peinte est fréquente, voire institutionnelle dans l’histoire de l’art.
Giotto se glisse dans une fresque parmi les donateurs (forme de signature).
Van Eyck se devine dans le miroir des Arnolfini, Raphaël se glisse au milieu de personnalités, Véronèse dans un groupe de musiciens des Noces de Cana.
A partir du 15e siècle, le portrait est l’apanage des grands.
En réalisant son autoportrait, le peintre revendique son statut d’artiste créateur et s’élève au rang des personnes influentes de la société.
Jean Fouquet - Premier Autoportrait (1451)
Dürer - Autoportraits (1493 - 1498 - 1500)
Léonard de Vinci - Autoportrait (1512)
Voir la galerie Autoportrait du 20e siècle
Van Gogh : Autoportrait (1889)
Le paysage
La peinture de paysage représente la nature.
Jusqu’au 15e siècle, le paysage est au service du message religieux.
À partir de la Renaissance, il devient un sujet autonome.
Les peintres l'utilisent pour expérimenter différentes transposition de l’espace.
Corot : Le Pont de Mantes (v.1868)
Millet : Le Printemps (1868-1873)
La peinture de marine
La peinture de marines se développe dans les pays culturellement attirés par l’image de mer et des bateaux.
Aux Pays-Bas et en Angleterre, le “paysage de la mer” est par tradition une peinture majeure et très populaire. Depuis l’impressionnisme, c’est un genre qui offre à l’artiste une grande liberté d’expression.
William Turner (1775-1851) est le peintre anglais qui formalise le mieux le goût pour l’aventure maritime.
Van de Velde : La mer par temps calme (1658)
Van de Velde : La mer par temps calme
La nature morte
La nature morte se caractérise par l’exclusion de tout être vivant de la surface de la toile.
Ne figurent que des choses immobiles (objets, fleurs, fruits, gibiers) dont l’agencement a été organisé par l’artiste. Il s’agit d’un genre très codifié (valeur symbolique des objets choisis).
À la fin du 19e siècle, la nature morte devient le terrain d’expérience de la nouvelle peinture.
Heda : Le Dessert (1637)
Chardin : La raie (1728)
Cézanne : Pommes et oranges (1895-1900)
Les vanités : Nature morte dont le sujet évoque la relativité des choses de la vie terrestre.
Méditation sur la mort et précarité de l’homme face au temps qui passe (17e siècle).
David Bailly (1584-1657), autoportrait Vanité aux portraits (1651)
Franciscus Gysbrechts, Vanité, deuxième moitié du 17e siècle.
Philippe de Champaigne : Vanité
Les trompe l’œil : “Plus vrai que le vrai”.
Peinture exécutée de manière à faire croire à la présence réelle des objets ou matières reproduits.
Imitation du bois, du marbre, etc. ou simulation d’une architecture, d’une sculpture, d’un objet en trois dimensions.
Van Hoogstaten : Quodlibet “pêle-mêle” (1666)
Franciscus Gysbrechts (1670)
Hans Holbein : Les Ambassadeurs (1533) (anamorphose tête de mort)
La peinture d’architecture
La peinture d’architecture représente un décor citadin, réel ou fictif.
Très appréciées au 18e siècle par les riches amateurs qui veulent garder la trace de leur passage dans une ville. Ces peintures sont des exercices de perspectives pour les peintres.
Le védutisme
De l’italien vedute “vue”, art du paysage d’architecture à Venise au 18e siècle (Canaletto, Francesco Guardi).
Canaletto : St Marc (1735-1740)
La peinture de ruines
Cette peinture évoque la destruction et la marque du temps qui passe.
Robert Hubert - Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruine (1796)
Voir la galerie Messages de ruines
Robert Hubert - Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruine
La peinture murale
L’artiste travaille parfois directement sur les murs d’un bâtiment.
Il choisit de s’intégrer naturellement dans l’architecture ou de perturber volontairement l’espace habité : la peinture murale est alors la confrontation entre le pouvoir illusionniste et poétique de l’image et la rigueur fonctionnelle de l’édifice.
Architecture civile et royale. Décoration des édifices religieux.
Pompéi, fresque de la villa de Publius Fannius Sinistor, (-50 -40)
Keith Haring - Tuttomondo - Voir la galerie Keith Haring
Voir l'exercice de comparaison Arts Visuels et Appliqués N°1
Street Art - Graffiti Art
Le Street art ou l’art urbain est un mouvement artistique contemporain.
Ce terme regroupe les artistes de rue qui utilisent l’affiche, le sticker, le pochoir, mais aussi la peinture et les installations dans l’espace urbain.
Ces artistes ont en commun une activité (illégale ou non) d’interventions urbaines.
Ernest Pignon-Ernest : Rimbaud (1978-1979) Naples (1988-1995) Cabines téléphoniques (1997-1999)
Keith Haring (graffiti)
Jérôme Mesnager (silhouette fantomatiques)
Space-Invader (mosaïques inspirées du jeux vidéo)
Miss Tic (pochoir) Voir la galerie Miss Tic
La peinture des voûtes et des plafonds
Les voûtes et les plafonds structurent la partie supérieure de l’architecture. Confronté à cette verticalité du point de vue, le peintre représente généralement des ciels fictifs. Les peintres de la Renaissance inventent le style décoratif de la perspective verticale. Illusion d’un espace réel.
- Trompe l’œil de l’époque baroque (Quadratura : perspective illusionniste unissant peinture, sculpture et architecture).
- L’architecture cloisonnée : sans effet de perspective, les tableaux sont peints dans des compartiments et s’intègrent à l’architecture.
Michel-Ange : La Création du monde, voûte de la chapelle Sixtine (1508-1512)
Les Carrache : Voûte de la galerie Farnèse à Rome (1597-1602) Classicisme.
Au 19e siècle
Ingres : Les plafonds du Louvre
Delacroix : Plafonds des bibliothèques du Palais-Bourbon et du Sénat
Au 20e siècle
Georges Braque: Caissons Renaissance du musée du Louvre
Marc Chagall : Plafond de la grande salle de l’Opéra de Paris
Andrea Pozzo : Le triomphe de St Ignace
L’étude documentaire
La contemplation du monde naturel (animaux, plantes, ...) dans un esprit encyclopédique propre à la Renaissance (Dürer, Leonard de Vinci).
Dürer - La grande touffe d’herbes - Aquarelle (1503)
Dürer : La grande touffe d’herbes
L’enluminure et la miniature
L’enluminure
Dessins et peintures illustrant les manuscrits et les livres.
C’est un art coloré, essentiellement médiéval.
C’est dans les îles Britanniques que cet art décoratif prend toute sa force, aux 8e et 9e siècles, sous l’influence de l’art celte.
La miniature
Le mot vient de minium (peinture rouge) avec lequel les moines calligraphiaient la lettre ornementale des manuscrits.
Par extension, peinture de tout petit format (parfois sur bijoux, tabatières, petites boîtes, ...).
Frères Limbourg : Les très Riches Heures du duc de Berry (1416)
Nicolas Hilliard : Jeune Homme adossé parmi les roses (v. 1590)
Voir la galerie les œuvres clés de l'Histoire de l'art
Voir lexique de l'Histoire de l'art et des Arts plastiques
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| | Dubois Jean-Pierre |
dimanche, 14 avril 2019
Art Baroque - Exposé
L'art Baroque où la séduction des sens
Voir le commentaire de René Huygue sur le tableau La Bataille des Amazones
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| | Dubois Jean-Pierre |
dimanche, 05 février 2012
Rubens : la Bataille des Amazones
Rubens : la Bataille des Amazones par René Huygues
Peter Paul Rubens - La Bataille des Amazones - 1618
121 x 165 cm - Alte Pinakothek, Munich
Rubens, grand maître de la composition dynamique, a effectué dans sa Bataille des Amazones du Musée de Munich, le passage du cercle figé, dont un arc est pétrifié dans la courbure du pont, au tourbillon spiralé des corps qui le traversent avant d’en tomber.
Dans une mêlée qui se mue en poursuite, les cavaliers s’élancent.
De la gauche part un double mouvement : l’un entraîne la fuite des Amazones et la fait dévaler directement vers le lit du fleuve ; il n’entrave déjà plus le second qui pousse les futurs vainqueurs à l’assaut de la pente du pont, et les dresse en une rencontre furieuse au sommet, où le bras pendant d’un mort décapité détermine l’axe à la manière d’un fil à plomb ; il se poursuit, pareil aux panaches d’écume fusant de la masse d’une vague, avec les chevaux cabrés et fous dont les cavaliers ont été désarçonnés ; il s’achève dans un mouvement de rotation, souligné par le glissement lisse des vagues et celui, onduleux, des guerrières à demi dénudées s’écroulant à droite dans le fleuve et s’y noyant.
Un admirable cheval blanc, redressant la tête désespérément dans l’effroi de la chute, achève cette grande courbe et lui donne son allure définitive de spirale qui se boucle.
René Huygues - Les puissances de l’image
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