jeudi, 21 février 2013
La Mort de Sardanapale
Delacroix : La Mort de Sardanapale par Élisabeth Lièvre-Crosson
Delacroix - La mort de Sardanapale
1827 - Huile sur toile - 3,92 x 4,96 m - Musée du Louvre
Le sujet se réfère à la tragédie du poète anglais lord Byron, publiée en 1821 sous le titre de Sardanapalus.
Selon la légende, Sardanapale est un roi assyrien de Ninive (VIIe siècle av. J.-C.) qui vivait à Babylone et dont le nom grec est Assourbanipal.
Delacroix résume ainsi l’histoire : "Lors de la guerre civile, sa ville est cernée. Il décide de mettre le feu à son palais et se couche sur un lit superbe au sommet d’un immense bûcher, puis donne l’ordre d’égorger ses femmes, ses pages, jusqu’à ses chevaux et ses chiens favoris. Aucun des objets qui avaient servis à ses plaisirs ne devait lui survivre."
Le tableau est une évocation de l’Orient qui fascine tout le XIXe siècle. Delacroix donne toute sa démesure à ce théâtre fabuleux.
Le peintre reprend à Rubens (XVIIe siècle) son schéma de composition baroque. Il construit son tableau sur une spirale pour créer l’illusion d’un tourbillon qui se développe en diagonale. La lumière sert de guide. Épargnant Sardanapale, celle-ci descend en faisceau le long du lit et éclaire tragiquement la scène où chaque personnage torturé se d ébat. Les forces qui s’opposent suggèrent l’affolement général. On entre, on sort, on se cabre et on se cambre. La couleur rouge domine tout. Sans peindre de flamme ni de sang, Delacroix suggère avec le rouge le bûcher, la chaleur, le massacre. Victimes entre toutes, les femmes reçoivent toute la lumière.
Lorsqu’il expose ce tableau au Salon de 1827, Delacroix crée un véritable scandale. On lui reproche le désordre, la débauche de couleur, la passion débridée. Comme tous les romantiques, Delacroix pense que l’art doit "remuer les sentiments". Pour Baudelaire, son défenseur, il est "le plus suggestif de tous les peintres." D’emblée hostile au style classique officiel, le peintre n’est pas allé en Italie copier les antiques mais en Angleterre (1825) où il a pu voir le travail sur la couleur de Constable et de Turner, qui transposent à l’huile la technique de l’aquarelle. Il utilise une matière fluide pour les fonds, une pâte épaisse pour les premiers plans et a recours au "flochetage", un procédé qui juxtapose de petites touches de couleur pure sans chercher à respecter les contours des objets. Il peint les ombres en couleurs, joue de leurs contrastes et met en pratique les observations de Chevreul.
Élisabeth Lièvre-Crosson – Comprendre la peinture – Les Essentiels Milan
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| | Dubois Jean-Pierre |
dimanche, 05 février 2012
Rubens : la Bataille des Amazones
Rubens : la Bataille des Amazones par René Huygues
Peter Paul Rubens - La Bataille des Amazones - 1618
121 x 165 cm - Alte Pinakothek, Munich
Rubens, grand maître de la composition dynamique, a effectué dans sa Bataille des Amazones du Musée de Munich, le passage du cercle figé, dont un arc est pétrifié dans la courbure du pont, au tourbillon spiralé des corps qui le traversent avant d’en tomber.
Dans une mêlée qui se mue en poursuite, les cavaliers s’élancent.
De la gauche part un double mouvement : l’un entraîne la fuite des Amazones et la fait dévaler directement vers le lit du fleuve ; il n’entrave déjà plus le second qui pousse les futurs vainqueurs à l’assaut de la pente du pont, et les dresse en une rencontre furieuse au sommet, où le bras pendant d’un mort décapité détermine l’axe à la manière d’un fil à plomb ; il se poursuit, pareil aux panaches d’écume fusant de la masse d’une vague, avec les chevaux cabrés et fous dont les cavaliers ont été désarçonnés ; il s’achève dans un mouvement de rotation, souligné par le glissement lisse des vagues et celui, onduleux, des guerrières à demi dénudées s’écroulant à droite dans le fleuve et s’y noyant.
Un admirable cheval blanc, redressant la tête désespérément dans l’effroi de la chute, achève cette grande courbe et lui donne son allure définitive de spirale qui se boucle.
René Huygues - Les puissances de l’image
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| | Dubois Jean-Pierre |