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jeudi, 27 janvier 2022

Graphisme contestataire de Mai 68

La contestation de Mai 68 en images

Mai 68, c'était au siècle dernier.
À l'époque la France avait un très grand président de la République, le général de Gaulle, qui, du haut de ses 1m 93, ne voyait pas bien ce qui se passait en bas !


Bien qu'il pensa et déclara que "Les Français étaient des veaux", ceux-ci (les Français, pas les veaux), s'échappèrent de leurs enclos et se mirent à meugler dans les rues, en troupeaux déchaînés.
Grève générale, dissolution de l'Assemblée nationale, violents affrontements... ces événements furent qualifiés de "Chienlit" par de Gaulle.

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L'explosion du graphisme contestataire


Réjane Bargiel, conservateur du musée de la publicité, précise les conditions qui ont conduit à la prolifération de ces "images-messages".
Durant cette période de crise, la paralysie du pays est totale, celle de l'information "normale" également : les journaux ne paraissent plus à cause des grèves, la télévision et la radio, contrôlées par l'Etat ne diffusent qu'une information filtrée.
L'affiche va donc s'avérer le seul moyen de communication, d'information libre et rapide.
Elle retrouve une place privilégiée, en revenant à sa fonction première : informer, le journal mural renaît. Illustrées d'un graphisme vigoureux, concentré, dépouillé de tout artifice, ne visant qu'à l'efficacité, de caricatures agressives, elles sont imprimées en sérigraphie, technique rapide et très souple. L'ensemble de la production de l'ex Atelier de l'École des Beaux-Arts, rebaptisé Atelier populaire est, à cet égard représentatif.

 

graphisme

Création Bernard Rancillac
 
 
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Images simples, voire minimales, slogans forts, raccourcis visuels et sémantiques, les économies de moyens obligées de ces graphismes ne contrarient en rien l'efficacité de leur expression militante.
Certains de ces visuels, créés par de jeunes talents des Beaux-Arts, des Arts Déco et des Arts Appliqués, deviendront des îcones de la contestation et seront réactualisés à l'occasion de nouvelles luttes, comme pour les manifestations contre le CPE par exemple.

 

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Sois jeune et tais toi
 

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Pouvoir populaire

 

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La lutte continue
 
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ORTF
 
 
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Attention la radio ment

 

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Presse Ne pas avaler

 

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CRS SS 

 
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Retour à la normale
 
 

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vendredi, 21 janvier 2022

L'Insurrection qui vient

L'Insurrection qui vient - Comité invisible
La Fabrique - 2007

Rien ne manque au triomphe de la civilisation.
Ni la terreur politique ni la misère affective.
Ni la stérilité universelle.
Le désert ne peut plus croître : il est partout.
Mais il peut encore s'approfondir.
Devant l'évidence de la catastrophe, il y a ceux qui s'indignent et ceux qui prennent acte, ceux qui dénoncent et ceux qui s'organisent.

Le comité invisible est du côté de ceux qui s'organisent.

 

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Extraits

Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue.
Ce n’est pas la moindre de ses vertus.
À ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui.
Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l’heure.
C’est une chose entendue que tout ne peut aller que de mal en pis.
« Le futur n’a plus d’avenir » est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks.
(page 7) 

La sphère de la représentation politique se clôt.
De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cadre ou des airs de vierges, les mêmes têtes de gondoles qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication.

(page 7) 

« I AM WHAT I AM. » Jamais domination n’avait trouvé mot d’ordre plus insoupçonnable.
Le maintien du Moi dans un état de demi-délabrement permanent, dans une demi-défaillance chronique est le secret le mieux gardé de l’ordre des choses actuel.
Le Moi faible, déprimé, autocritique, virtuel est par essence ce sujet indéfiniment adaptable que requiert une production fondée sur l’innovation, l’obsolescence accélérée des technologies, le bouleversement constant des normes sociales, la flexibilité généralisée.
(page 11) 

Notre sentiment d’inconsistance n’est que l’effet de cette bête croyance dans la permanence du Moi, et du peu de soin que nous accordons à ce qui nous fait.
(page 16) 

Contrairement à ce que l'on nous répète depuis l'enfance, l'intelligence, ce n'est pas de savoir s'adapter - ou si c'est une intelligence, c'est celle des esclaves. 
Notre inadaptation, notre fatigue ne sont des problèmes que du point de vue de ce qui veut nous soumettre.

(page 18)

Appeler « société » le peuple d’étrangers au milieu duquel nous vivons est une telle usurpation que même les sociologues songent à renoncer à un concept qui fut, pendant un siècle, leur gagne-pain.
Ils préfèrent maintenant la métaphore du réseau pour décrire la façon dont se connectent les solitudes cybernétiques, dont se nouent les interactions faibles connues sous les noms de « collègue », « contact », « pote », « relation » ou d’« aventure ».
Il arrive tout de même que ces réseaux se condensent en milieu, où l’on ne partage rien sinon des codes et où rien ne se joue sinon l’incessante recomposition d’une identité.

(page 23-24) 

Qu’on ne nous parle plus de « la ville » et de « la campagne », et moins encore de leur antique opposition.
Ce qui s’étend autour de nous n’y ressemble ni de près ni de loin : c’est une nappe urbaine unique, sans forme et sans ordre, une zone désolée, indéfinie et illimitée, un continuum mondial d’hypocentres muséifiés et de parcs naturels, de grands ensembles et d’immenses exploitations agricoles, de zones industrielles et de lotissements, de gîtes ruraux et de bars branchés : la métropole.
(page 38)

La métropole est cette mort simultanée de la ville et de la campagne, au carrefour où convergent toutes les classes moyennes, dans ce milieu de la classe du milieu, qui, d’exode rural en
« périurbanisation», s’étire indéfiniment.

(Page 40) 

Pour survivre à l’uniformité environnante, l’unique option est de se reconstituer sans cesse son monde intérieur, comme un enfant qui reconstruirait partout la même cabane.
(page 45) 

 

citation comité invisible

 

Le scandale, il y a un siècle, résidait dans toute négation un peu tapageuse, elle réside aujourd’hui dans toute affirmation qui ne tremble pas. 
(page 78) 

Il va sans dire que l’attachement des Français à l’État - garant des valeurs universelles, dernier rempart contre le désastre - est une pathologie dont il est compliqué de se défaire.
C’est surtout une fiction qui ne sait plus durer.
(page 130) 

La crise est une manière de gouverner.
Quand ce monde ne semble plus tenir que par l’infinie gestion de sa propre déroute.
(page 133) 

 

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Publié dans Critique sociale | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : critique sociale, politique, comité invisible |  Facebook | | | | Pin it! | | Dubois Jean-Pierre |